Eileen Gray et la villa E-1027 du Cap Moderne

Eileen Gray et la Villa E-1027 du Cap Moderne

Entre 1926 et 1929, Eileen Gray construit la villa avec son compagnon l’architecte Jean Badovici (1893-1956). Le nom de cette maison de vacances imaginée à deux naît de l’imbrication de leurs initiales : « E pour Eileen, 10 du J de Jean, 2 du B de Badovici, 7 du G de Gray ». 

Véritable icône de l’architecture moderne et plus précisément du Style International, la villa E-1027, est la première création architecturale d’Eileen Gray. Elle témoigne de sa réflexion attentive dans le dessin de chaque détail. La villa a valeur de manifeste, tant pour l’architecture elle-même que pour les meubles fixes et mobiles, les luminaires et les décors qui en sont indissociables. Trois ans durant, Eileen Gray dessina le mobilier et, en collaboration avec son compagnon Jean Badovici, les plans du projet.

La Villa est petite mais pour Eileen Gray chacun « doit pouvoir rester libre et indépendant » et tout ranger dans un minimum de place. Pour cela, elle invente un mobilier élégant, fonctionnel et très astucieux dont elle soigne chaque détail.  

Eileen Gray, architecte et designer d’exception

Eileen Gray dessinait des meubles pour un lieu précis. L’idée de production en masse lui était étrangère. Avant de se lancer dans le projet de la villa E-1027, elle a loué un appartement à Roquebrune et passé des journées sur le site pour capter l’esprit du lieu et comprendre comment implanter au mieux la maison. 

Dans le texte que Jean Badovici a publié dans le numéro de la revue L’Architecture vivante consacré à la villa. Il y est question de sentiments, de corps, de confort, d’adaptabilité, tous ces paramètres délaissés par l’architecture de l’époque, plus fonctionnaliste et plus rigide. Pour autant, il ne faut pas réduire le travail d’Eileen Gray au côté sentimental et sensoriel. Exagérer l’idée de la femme instinctive serait caricaturer. Elle était, aussi, une architecte moderniste très rationnelle. 

C’était une femme très intelligente, elle avait des standards très hauts et refusait les compromis. C’est pour cela qu’elle n’a jamais cherché de clients. Ses seules maisons, elle les a construites pour elle ou son ami Badovici. 

Eileen Gray et la Villa E-1027 du Cap Moderne
Eileen Gray et la Villa E-1027 du Cap Moderne

© l’Association Culturelle Eileen Gray, Étoile de Mer, le Corbusier

© Manuel Bougot

Malgré le désaccord qu’ils partagaient, Le Corbusier (ami de Jean Badovici) a souvent séjourné dans la dite Villa. Il y a même, au plus grand désarroi d’Eileen Gray, peint des fresques faisant toujours partie de la maison aujourd’hui. Lieu de vacances de prédilection du Corbusier, le site du Cap Moderne abrite également son célèbre cabanon et les unités de camping qu’il a réalisé. Le tout est depuis inscrit sur la liste du patrimoine mondiale de l’Unesco.

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