La casa Z de Peter Zumthor, une maison repaire d'architecte

« La magie du réel est pour moi l’alchimie de la transformation des substances matérielles en sensations humaines. » 

Peter Zumthor fascine par son approche singulière de tout projet, qu’il soit privé ou collectif : prendre le temps, créer une atmosphère grâce à la matière, la lumière, partir de l’intérieur vers l’extérieur et créer avant tout de l’émotion.

 

 

Une maison repaire d'architecte sur les hauteurs du canton des Grisons

Au cœur des montagnes suisses, dans les Grisons, son atelier (et aussi sa maison) est véritablement sa tanière. Le terrier de celui que l’on décrit comme un ours, qui travaille en pantoufles (on est l’apôtre de la slow architecture, ou on ne l’est pas), et refuse de recevoir ses clients, tout comme les journalistes, hors de son antre, justement.

« Dans mon atelier, C'est comme à la ferme où vie et travail ne font qu'un, aime-t-il déclarer. Quand je travaille, je vis et quand je vis, je travaille, c'est un luxe que je peux m'offrir. »


Un hommage aux architectures alpines traditionnelles

Au début des années 1980, Peter Zumthor achète une ancienne maison de campagne à Haldenstein avec l'idée d'y implanter son agence. La maison, construite au nord d'une maison voisine, recevait très peu de soleil, il a donc décidé de la démolir pour construire un nouveau studio avec jardin à la place. Ainsi, ses pièces sont toutes orientées vers le sud, où la lumière pénètre par de larges baies vitrées. Des années plus tard, l'architecte décide de concevoir une nouvelle maison, à quelques mètres du premier bâtiment. 

Il a travaillé l’extension en conservant le rythme de l’édifice existant et, pour marquer la transition entre les deux parties, il a démarré l’extension au niveau de bois de bout, appartenant à l’ancienne partie. C’est grâce à cet élément que les deux parties ne forment plus qu’un et que la nouvelle donne l'impression d’avoir toujours fait partie de l’ancienne.

Ses deux étages, de verre et de béton, présentent une séquence fluide d'espaces qui, selon la direction que vous prenez, permet d'accéder aux espaces publics (travail) ou plus privés (exclusivement pour la famille). Néanmoins, son lieu de vie lumineux qui privilégie le verre est visible par tous. On peut y voir le témoignage tangible de l’humilité d’un homme habité par la nécessité de faire lieu plus que de faire œuvre.

Peter Zumthor commence sa carrière par un apprentissage d’ébéniste auprès de son père, puis devient charpentier, en passant par l’École d’arts appliqués de Bâle, sa ville natale. L’architecture vient ensuite, une formation de design industriel à New York, au Pratt Institute. Rentré sans diplôme, Peter Zumthor acquiert alors sa sensibilité d’architecte grâce à ses années passées en tant que conservateur du patrimoine auprès des Monuments historiques du canton des Grisons : les spécificités et la noblesse des matériaux, l’étude de la façon d’implanter un lieu dans son environnement, notamment. 

Souvent décrit comme un architecte humble, passionné et sincère, il reçoit le prix reçoit le Prix Pritzker, la plus haute distinction en architecture, en 2009, mais n’a jamais songé à déménager son agence.

 

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